Lui

 

Il y a des instants qu’on ne vit pas, mais qu’on ressent. Des rencontres silencieuses qui bouleversent sans rien dire. Ce texte est né d’une image, d’un mouvement, d’un frisson. Je l’ai écrit comme on ouvre une fenêtre dans le noir.




Elle bougeait au rythme de la musique, comme si chaque note était un fil auquel elle s’accrochait pour ne pas sombrer. Elle dansait pour combler le vide qui la rongeait, pour repousser le silence qui la menaçait. Elle dansait jusqu’à en perdre haleine, jusqu’à devenir elle-même une vibration — un battement, une respiration, un cri muet.



Elle ne faisait plus qu’un avec la musique.

Elle était l’écho et l’origine.

Le feu et la cendre.

Le rêve et l’évidence.



On la suivait sans même la voir.

Elle était l’irréel, pourtant si tangible.

Elle était l’impossible, pourtant là, sous nos yeux.



Et quand la musique s’interrompit, son histoire mourut.

Pas brusquement, mais comme s’efface un souvenir qu’on n’a jamais pu raconter.

Personne ne comprit vraiment ce qui venait de se passer. Personne, sauf lui.



Lui, qui l’avait regardée danser pendant des heures.

Lui, qui n’avait pas bougé, fasciné par chacun de ses gestes, comme si son corps récitait un poème que lui seul pouvait entendre.

Lui, qui n’espérait rien, mais qui ressentait tout.



Et puis, elle se tourna. Leurs regards se croisèrent. Juste une seconde.

Une seconde suspendue, suffocante de vérité.  



Quelque chose se produisit.

Une chose qu’on ne sait pas nommer. Une connexion. Un souvenir avant même la rencontre.

Il ne la connaissait pas, et pourtant, il sut. Il comprit.

Il voulut la connaître. Il voulut rester.



Mais en un battement de cils, elle n’était plus là.

Disparue.

Comme emportée par une brise que lui seul aurait ressentie.



Depuis ce soir-là, ni lui ni elle ne retrouvèrent la paix.

C’était comme si un fragment d’eux-mêmes s’était accroché à l’autre, sans qu’ils n’en aient eu conscience.



Parce que c’était elle.

Parce que c’était lui.

Parce que certaines rencontres ne relèvent ni du hasard ni du destin, mais de quelque chose de plus ancien encore.

Quelque chose qui traverse les époques, les corps, les silences.



Parce qu’entre eux, leur histoire était déjà écrite.

Non pas sur le papier, mais dans le ciel.

Et que deux âmes, lorsqu’elles se reconnaissent enfin, font scintiller les étoiles un peu plus fort que les autres.



Et vous, avez-vous déjà croisé un regard qui vous a marqué pour toujours ?



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